Elle arrive trop vite !
Ils sont longs ces chemins, où les efforts nous nuisent,
Quand le nombre des ans paraît plus court, soudain ;
Que les gestes plus lents, nous transposent à demain
Et quand au dépourvu, les forces s’amenuisent…
Puis, il y a ces nuits à rêver au passé,
Lorsque se faisait long, le temps de notre enfance
Et qu'un trop beau projet finissait en partance,
Désuet ou si grand qu'il était délaissé…
En nous, criait "ici!" chaque instant de la vie,
"Maintenant ou jamais", c'était le "Grand Moment"...
L'espoir nous tenait droit, lorsque tout doucement
Se figeait l'existence à l'avers de l'envie.
Faisant fi de l'ennui, mordant à belles dents
Chaque instant comme un dû : « la jeunesse éternelle »…
Combien l'on y croyait !, remplissant l'écuelle;
Au vase des années, se fissurait le temps.
Et, l'hiver est venu frapper à notre porte
Là, courageux toujours, nous l'avons pourchassé
Ne réalisant pas que nous avions cassé
Cette épargne des jours, qu'heureux le vent emporte.
Ce gond tant redouté est venu réveiller
Les douleurs et les maux, par trop ensevelis...
Martelant notre corps du fauteuil jusqu'au lit,
Etonnés d'être prêts à tant se reposer.
Plaçant un bel onglet, à la lucide page,
Nous avons commencé à prendre du repos...
Le soir, bien entendu, se terminait trop tôt,
Gagnant chaque seconde, l’on devenait plus sage.
Il faut avoir vécu, pour reconnaître enfin,
Que la vieillesse un jour, nous guide et nous rattrape ;
Qu'un tout autre avenir, à notre porte frappe,
Pour nous offrir de croire, en l’étrange destin !
Roseline Gilles-Renier