Noël en Provence
Enfin l’aube se lève éclairant les Alpilles
D’argentées couleurs, jusqu’au plus hauts des monts,
Frisotant les cheveux des frêles jeunes filles,
Quand gelée et mistral campent dans les vallons.
Couvrant les pics rocheux d’une fraîche poudreuse,
Au soleil hésitant, c’est l’hiver du Midi,
Passant par les sillons des sentes rocailleuses,
La transhumance arrive à son rythme alangui.
Sur la table de bois, nappée de l’indienne,
L’on prépare Noël et les treize desserts,
Archétype du temps consacré à la Cène,
Mais l’on y trouvera, chacun des fruits d’hiver.
C’est retrouver enfin cette sente perdue
Pour changer la rancœur en un souffle qui vit,
C’est tout-à-coup renaître, au tournant d’une rue,
Quand un berger heureux, porte au bras sa brebis…
Si chacun croit en Dieu, vivant de la nature,
Qui régit les humains, dans l’honneur et l’amour,
C’est savourer la vie comme une figue mûre,
C’est accepter d’avoir et de tout perdre un jour.
En Provence, Noël ? C’est trouver cette étoile
Éclairant en chemin, les êtres éperdus
Ayant placé l’espoir sous un livide voile…
S’approchant du divin, pour lui rendre son dû !
Roseline Gilles-Renier